23 août 2006

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"- 7h01, la ponctualité deviendrait-elle une de vos préoccupations Windcatcher ?

- On ne m'a pas vraiment laissé le choix je crois, il s'agit moins ici de ma ponctualité que de l'efficacité de vos sbyres."
Jay regrettait de devoir traiter Phil ainsi mais il le fallait.

"- Bon asseyez-vous et cessez d'essayer de faire passer cet endroit pour une prison.

- Pourquoi vouliez-vous me voir Monsieur le directeur ? J'aimerais assez pouvoir me recoucher rapidement.

- Vous savez Jay, cette institution est reconnue pour ses résultats depuis des années, depuis sa création même. Les parents nous font confiance pour vous élever, vous, leur descendance, dans les meilleures conditions. Afin que vous deveniez l'élite de la nation comme tous vos camarades avant vous. Ils payent un service, nous nous devons d'atteindre les résultats attendus.


- Je sais tout ca, en quoi ca me concerne ?

- J'y viens : la méthode d'éducation du professeur Joe Adam, découverte en 2007, est réputée infaillible puisque 100% des enfants qui sont passés ici ont aujourd'hui une rémunération d'au moins 10% supérieure à leurs collègues de même niveau et occupent 80% des postes à résponsabilité de ce pays.

- Je vois toujours pas en quoi ca me concerne.

- Vous allez comprendre, Wincatcher. J'ai sous les yeux les résultats de vos derniers tests et ca ne va pas. Avez-vous suivi la procédure pour répondre aux questions ?

- Comme d'habitude, oui. J'ai pris mes cachets avant l'examen, j'ai enfile mon casque et avant chaque question réponse j'ai activé la stimulation électrique.

- Rien de spécial ?

- Pas que je sache nan.

- C'est la première fois que je vois de tels résultats.

- C'est juste pour ca que vous m'avez fait lever à 6h50 ?

- C'est très grave vous savez, si vous avez triché ou que vous n'avez pas pris les cachets vous risquez de ne pas devenir ce que vos parents attendent de vous.

- Que voulez-vous que ca me fasse ? Mon père est mort et ma mère m'a mise dans ce trou.

- Vous le prenez comme ca ? Très bien, allez vous recoucher on en reparlera un autre jour.

15 juin 2006

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"- Jay, jay, ha enfin !"
Phil se trouvait là assis sur le bord du lit dont la couette, d'un bleu azur, faisait à la fois penser au ciel et à la mer.
"- Ca avait pas l'air d'être le pied ce rêve dis-moi."
Phil avait la trentaine, le crâne volontairement chauve et était mieux bâti qu'une armoire à glace.
"- C'est jamais vraiment le pied les rêves..."
En lui-même Jay était soulagé que tout ceci n'ait été qu'un rêve. Il regarda le radio-réveil noir sur la table de chevet IKEA en bois clair. Les chiffres, dont la couleur n'était pas sans lui rappeler le désert de son rêve, indiquait 6h45.
"- Je croyais que c'était à 8h le lever aujourd'hui.
- Pas aujourd'hui, Jay, t'as rendez-vous avec Monsieur Heinrich à la première heure. Tu dormiras un autre jour.
- Qu'est ce qu'il me veut celui-la ?
- T'auras qu'à lui demander, j'en sais rien. Allez habille-toi, t'as un quart d'heure."
Dans un élan de motivation, Jay sauta du lit et regarda à nouveau le radio réveil : 6h50.

Premier arrêt : la salle de bain. Un coup d'eau sur le visage, un coup de peigne dans ses cheuveux bruns, une touche de déo et le tour était joué. La caleçon sale alla rejoindre un amas de fringues à la fraicheur douteuse sur le sol en moquette bleu foncé de la chambre. Les miroirs de la porte de l'armoir arretèrent de lui offrir son reflet au fur et à mesure qu'elles coulissaient, laissant apparaître une garde robe qui aurait probablement fait faire une crise cardiaque à n'importe quelle fille tellement elle était pauvre et mal choisie.

Il enfila un t-shirt noir uni et le premier jean de la pile reservée aux pantalons. Une fois son portefeuille en poche il sortit de la chambre et annonça à Phil en fermant la porte : "J'suis prêt, allons-y".

14 juin 2006

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"Maman, non!!!"
Trop tard, le corps inanimé de Martha Windcatcher commencait déjà sa chute mortelle vers les profondeurs du canyon. Jay, voyant sa mère tomber au ralenti, se rapprocha du bord escarpé de la falaise rougeoyante dans le coucher du soleil. Lorsque la première goute de ses larmes toucha la poussière du sol de ce desert du Nevada qui ne lui avait jamais paru aussi isolé, il vit sa mère s'écraser deux cent mètres plus bas dans un nuage de fumée orange. Il attendit que celle-ci se dissipe et commenca à vouloir sauter à son tour. "Maman, maman, tu m'entends ?" Rien... Seul le chuchotement du désert lui répondit. Après quelques secondes le bruit du désert laissa place à un son faible mais distinct : "Jay". La voix était faible mais venait bel et bien du fond du Canyon. "Jay". La voix se faisait de plus en plus pressente. "Maman ?".